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Les écoles de Genève

Dernière mise à jour : 22 juin 2020

La réorganisation des institutions et la création d'une nouvelle école consacrée aux arts appliqués à l'industrie sont les mesures prises face à la perte de vitesse des industries genevoises.


Ill. 1. Photo de classe de 1881. J. David, École des Arts industriels, 1881, Aristotype sur papier, collé sur carton beige, encadré, Haut.: 26.1 cm; larg.: 33.4 cm, inv. VG P 1779, Centre d’iconographie genevoise, Bibliothèque de Genève.


À partir de 1847, le conseil administratif de la ville de Genève s'engage dans la gestion des écoles municipales de dessin (Grand-Carteret1883, p. 418). En 1868, elles sont la cible de diverses plaintes liées à ses programmes d'enseignement. Pour tenter d’y remédier, un groupe de travail se réunit en janvier 1869 et examine les changements à y apporter. Un des points importants de leur rapport est le fait qu’il n’existe qu’une seule classe (dédiée à l’ornement) comme enseignement de l’art appliqué à l’industrie. La commission souligne également l’inquiétante infériorité de la Fabrique genevoise et des industries en général. Cette insuffisance a été remarquée lors des dernières Expositions universelles (en 1851, 1855 et 1867). La commission décide alors de la réorganisation du système de l'enseignement dans les écoles municipales en les divisant en trois niveaux : préparatoire, moyenne et supérieure. L’école supérieure se compose de deux institutions distinctes : une École spéciale d'art appliqué à l'industrie et une École des Beaux-Arts (JDG n°141). La réorganisation des institutions et la création d'une nouvelle école consacrée aux arts appliqués à l'industrie sont les mesures prises face à la perte de vitesse des industries genevoises.


L’École spéciale d’art appliqué à l’industrie s’ouvre en octobre 1869. John Benoît-Muzy (1815- 1897) et Auguste Magnin (1841-1903) en sont les premiers professeurs (Haberjahn 1947, p. 19). Elle prend ses quartiers dans les bâtiments du Grütli et est annexée à l’École d’art (Vachon,1886, p.15). Les élèves sont de jeunes artisan-e-s et apprenti-e-s de plus de quatorze ans qui ont été accepté-e-s au sein de l’école après avoir passé un examen (Grand-Carteret,1883, p.419). Ils/elles étudient les styles et comment ceux-ci s’appliquent aux différentes industries. Les élèves font des compositions et des études raisonnées à partir de l’ornement dit naturel (inspiré par les insectes, les végétaux et les animaux). Pour finir, les étudiant-e-s peuvent explorer les différents médiums que sont le dessin, l’aquarelle et/ou le modelage (Vachon 1886, p. 15).


À l’Exposition universelle de Vienne en 1873, le constat est toujours aussi négatif :

« La Suisse se contentait de fabriquer sans goût les objets du strict nécessaire. (.... ) L’exposition de Vienne en 1867 et de Paris 1873 lui ont ouvert les yeux (...) » (Grand-Carteret1879, p.3).

Un groupe d’artistes et d’industriels se rassemblent et proposent à la ville la création d’une école et d’un musée d’arts industriels.


L’École des Arts industriels est fondée par décret le 28 octobre 1876 (Archives d’état de genève, 1876), puis marque ses débuts en juillet 1877 dans le quartier de St-Jean (Haberjahn 1947, p. 21). Elle s’installe définitivement dans un bâtiment prestigieux au Boulevard James Fazy l’année suivante (ill. 2). Un de ses buts est d’introduire de nouvelles industries en Suisse. Les élèves (ill. 1) se répartissent en deux types, les internes bénéficient d’une éducation artistique complète, tandis que les élèves externes sont des professionnel-le-s qui souhaitent se perfectionner grâce à certains cours. Les élèves ainsi formé-e-s se dirigent vers ces industries : la sculpture décorative du bâtiment, le moulage et la retouche sur plâtre, la mise au point sur pierre, la sculpture sur bois, l’orfèvrerie artistique, le bronze d’art, le fer forgé artistique, la peinture en émail ou encore la xylographie (Vachon 1886, p. 10).

Dirigée par le sculpteur Jules Salmson (1823–1902), l’École des Arts industriels est, dès ses débuts, la plus importante des écoles suisses en nombre d’étudiant-e-s (Champier 1879, p. 360) et se fait remarquer de manière positive dans les expositions nationales et internationales (Grasset 1909, p. 67).


Ill. 2. Ecole des arts industriels, Boulevard James-Fazy. Auguste Louis Garcin, Genève, école des arts industriels, entre 1876 et 1894, Albumine, sur papier collé, sur carton beige, Haut.: 10 cm; haut.: 10.8 cm carton; larg.: 15.5 cm; larg.: 16.5 cm carton, inv. VG P 1885, Centre d’iconographie genevoise, Bibliothèque de Genève.


Christelle Gaist & Benoît Versace



Bibliographie


Champier, Victor, L’année artistique : les Beaux-arts en France et à l’étranger, Paris, A. Quantin, 1879.


JDG 1869, « Conseil Municipal, séance du 15 juin », Journal de Genève, n°141, 17 Juin 1869, p.1-4.


École des Arts industriels (Genève), éd. « Cérémonie de distribution des prix », 1879.


Grand-Carteret, John, Les arts industriels en Suisse, Paris, Morel, 1879.


Grand-Carteret, John, «Les Écoles d’art industriel en Suisse », Courrier de l’art. Chronique hebdomadaire des ateliers, des musées, des expositions, des ventes publiques, etc., n°35, 30 août 1883, pp. 418-421.


Grasset, Eugène, « École des Arts industriels de Genève », Art et décoration, tome 26, 1909, pp. 63-68.


Haberjahn, Gabriel Edouard, 200e anniversaire de la Fondation de l'Ecole des beaux-arts, 1748-1948, Genève, École des Beaux-Arts, 1947.


Hertzschuch, Danielle, « Introduction », in FREY, Gilbert, Regard sur l’art à Genève au XXe siècle, Genève, Slatkine, 2011, p. 63-66.


Vachon, Marius, Rapports à M. Edmond Turquet , sous-secrétaire d’Etat sur les musées et les écoles d’art industriels et sur la situation des industries artistiques en Suisse et Prusse Rhénane, Paris, Maison Quantin, 1886.


Archives d’état de genève, E 62/12 (Mémorial du Grand Conseil de Genève, 28 octobre 1876, p.1298)


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