Pensé comme processus génératif, comme un langage, l'ornement permettrait au décorateur d’élaborer de nouveaux motifs à l’infini, de manière raisonnée et créative.
Owen Jones, The Grammar of Ornament, ornement mauresque, pl. 42, Day and Son, Londres, 1856. Collection Smithsonian Libraries.
L’ornement, son rôle et sa forme, est au cœur de vigoureux débats au XIXème siècle, notamment en Angleterre, en France et en Allemagne. Dans cette tension entre histoire et modernité, les partisans d’un renouveau stylistique, opposés à l'éclectisme et à l’historicisme, cherchent à promouvoir une esthétique en accord avec les progrès de l’industrialisation et les changements sociaux.
Quel style pour une société fascinée tout autant par sa modernité que par l’histoire dans laquelle elle s’inscrit ? L'intérêt se porte sur des modèles hors de l’Europe et de la période classique. Les arts de l’islam, par leur interprétation géométrique, illustrent cette recherche de rationalisation qui ferait dialoguer arts et industrie. C’est alors qu'à partir des années 1850, la notion de grammaire appliquée à l’ornement connaît un fort intérêt. Plutôt qu’imitation, l’ornement est pensé comme processus génératif, qui, comme un langage, permettrait au décorateur d’élaborer de nouveaux motifs à l’infini, de manière raisonnée et créative.
Benoît Versace
Bibliographie
Labrusse, Rémi, Face au chaos : pensées de l’ornement à l’âge de l’industrie. Oeuvres en sociétés, Dijon, Les presses du réel, 2018.
Neciploglu, Gülru et Payne, Alina (dir.), Histories of Ornament: from global to local, Princeton, Princeton University Press, 2016.
Jones, Owen, The Grammar of Ornament : Illustrated by Examples from Various Styles of Ornament, Londres, Day and Son, 1856 [en ligne] (consulté le 20/04/2020).
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