Sobriété, fonctionnalité, mise en évidence des lignes structurelles, inspiration du monde naturel et rejet des modèles du passé.
L’exposition universelle de 1900, à Paris, a succédé à l’exposition universelle de 1893 à Chicago. Elle s’est tenue du 14 avril au 12 novembre, sur une vaste zone située entre les Champs de Mars et les Invalides et a accueilli plus de 48 millions de visiteurs.
Ill. 1. H. Lockay, Plan Pratique de l'Exposition Universelle de 1900 contenant tous les Palais et Pavillons "Souvenirs de l'Exposition", 1900, dessin imprimé, 50x70 cm, Paris, L. Baschet.
L’exposition était conçue autours le thème le bilan d’un siècle. Dans le domaine des arts décoratifs, on attendait de voir des formes d’art nouvelles, adaptées au goût et au mode de vie des contemporains, et représentatives d’un style national.
Ill. 2. Salon du bois dans le pavillon de l’Union Centrale des Arts Décoratifs par G. Hoentschel, 1900, in Victor Champier (dir). Les industries d’art à l’exposition universelle de 1900, vol. 1, bureau de la « Revue des arts décoratifs », Paris, 1901, p. 105. Source gallica.bnf.fr /BnF.
Selon les commentaires publiés dans les journaux (notamment dans la revue des arts décoratifs, qui a consacré un gros volume à l’exposition l’année suivante), l’objectif n’a été qu’en partie atteint. Au niveau architectural, si certaines belles surprises ont été constatées dans les pavillons étrangers, le côté français a déçu la plupart des critiques. Alors qu’on espérait un affranchissement des imitations de styles du passé, ces modèles sont encore trop présents. Des ornements produits en série, en carton pâte, en plâtre ou en stuc, viennent alourdir les constructions et cacher leur structure, qu’on aurait souhaité voir mises en valeur. Les critiques attribuent cette tendance à la surcharge, à une mauvaise formation des artistes quant à l’utilisation des nouveaux matériaux, comme le fer, qu’ils cachent sous des ornements, faute de savoir les exploiter.
Ill. 3. Salon moderne par Colonna, 1900, Pavillon de l’art nouveau, Paris, in Victor Champier (dir), Les industries d’art à l’exposition universelle de 1900, Vol. I, bureau de la « Revue des arts décoratifs », Paris, 1901, p. 146. Source gallica.bnf.fr /BnF.
Concernant le mobilier, par contre, la production française a du succès. Les meubles sont présentés dans des modèles de pièces à vivre, en contexte, plutôt que d’être classés par matériaux, ce qui permet un effet d’immersion du spectateur. Les meubles ne sont pas surchargés d’ornements, l’esthétique souligne leur structure et leur fonctionnalité. Les créateurs s’inspirent de la nature, en simplifiant et en stylisant des motifs végétaux. Le pavillon de l’Union Centrale des Arts Décoratifs propose des créations inspirées de motifs végétaux très appréciés. Le pavillon de la maison de l’art nouveau obtient un succès retentissant grâce à son mobilier aux lignes courbes et sobres, inspirés de motifs naturels très stylisés.
Contrairement aux impressions de la première Exposition de 1851 à Londres, c’est donc dans le domaine du mobilier, et non dans l’architecture, qu’on trouve les qualités attendues : sobriété, fonctionnalité, mise en évidence des lignes structurelles, inspiration du monde naturel et rejet des modèles du passé. Récoltant un succès partiel, mais enthousiasmant sur bien des points, l’Exposition de 1900 est l’un des événements clés de la diffusion des modèles de l’art nouveau.
Morgane Vivroux
Bibliographie
Anonyme, « The Paris Exposition », Scientific American, vol. LXXXII, n°22, 1900, pp. 344-345.
Champier, Victor (dir.). Les industries d’art à l’exposition universelle de 1900, vol. I, Paris, bureau de la « Revue des arts décoratifs », 1901, [en ligne] (consulté le 12 mai 2020).
Possémé, Evelyn, « Le salon du bois du pavillon de l'Union centrale des Arts décoratifs à l'Exposition universelle de 1900 », Revue de l’Art, n°117, 1997, pp. 64-70.
Revue des arts décoratifs, vol. XXI, Paris, 1901[en ligne] (consulté le 12 mai 2020).
Comments